Information aux adultes ayant vécu des expériences traumatisantes dans leur enfance

Informations sur Internet concernant les mauvais traitements et la négligence envers les enfants (iCAN)

Collaboration Mondiale de l’ISTSS

Cette brochure électronique a été créée pour offrir des informations brèves et pertinentes aux adultes ayant vécu des expériences traumatisantes dans leur enfance. Ces informations ne remplacent pas les conseils d’un clinicien professionnel ou d’un organisme législatif national. Cette brochure électronique vous aidera à comprendre ce qu’est un traumatisme dans l’enfance, quels sont ses effets possibles, ce que vous pouvez faire pour vous aider et ce que vous pouvez faire pour obtenir de l’aide des autres. N’hésitez pas à demander de l’aide si la lecture de ce document déclenche des sentiments désagréables.

Qu’est-ce qu’un traumatisme dans l’enfance ?

Le mot « traumatisme » est utilisé pour décrire des événements négatifs qui sont émotionnellement douloureux et qui dépassent la capacité d’une personne à y faire face. Parmi les exemples de tels événements, on peut citer un tremblement de terre ou un ouragan, un accident industriel ou un accident de la route, une agression physique ou sexuelle et diverses formes de maltraitance subies pendant l’enfance. Les types de traumatismes qui ont tendance à avoir les plus grandes conséquences psychologiques négatives sont ceux liés à des traumatismes interpersonnels ou intentionnels. Il s’agit notamment de la maltraitance et de la négligence subies pendant l’enfance.

Qu’est-ce que la maltraitance dans l’enfance ?

Les événements traumatisants qui se produisent dans l’enfance sont appelés « maltraitance » lorsque les enfants sont menacés ou blessés par les personnes qui en ont la charge ou qui sont en position de pouvoir ou d’autorité sur eux. Ces personnes comprennent les membres de la famille tels que les parents, les beaux-parents et les frères et sœurs plus âgés. Les tuteurs ou les personnes en position d’autorité comprennent également les enseignants, les entraîneurs, les religieux, les policiers et les juges. Il existe différentes formes de maltraitance dans l’enfance, notamment la maltraitance physique, les abus sexuels, les abus psychologiques et la négligence. La maltraitance des enfants peut se produire dans de nombreux contextes, notamment à la maison, à l’école, à l’église, dans les foyers d’accueil, dans les systèmes judiciaires et sur les lieux de travail.

Qu’est-ce que la violence physique ?

La violence physique est une agression délibérée envers un enfant qui entraîne une blessure ou un risque de blessure. Il peut s’agir, par exemple, de battre ou de frapper un enfant ou de le maltraiter, ce qui peut lui causer des blessures ou des dommages physiques. Les conséquences de la maltraitance physique comprennent les ecchymoses, les éraflures, les brûlures, les os cassés, les lacérations et la perte de conscience. La différence entre la discipline et la maltraitance physique varie d’un pays à l’autre. Cependant, le Comité des droits de l’homme des Nations unies a déclaré que les châtiments corporels infligés aux enfants constituent un traitement dégradant des enfants et sont interdits (1992).

Qu’est-ce que l’abus sexuel ?

Il y a abus sexuel lorsqu’un enfant est soumis à un comportement sexuel par un adulte ou une personne plus âgée, ayant un pouvoir et une autorité sur lui ou chargée de s’occuper de lui. Le but de l’engagement de l’enfant est de profiter à l’adulte, que ce soit pour le plaisir ou pour un profit financier. Parce que ce type de traumatisme implique souvent l’exploitation de la confiance de l’enfant, il est parfois appelé « traumatisme de trahison ».

Qu’est-ce que la violence psychologique ?

La violence psychologique comprend une série d’actes non accidentels qui créent la peur chez un enfant ou qui visent à porter atteinte à sa dignité et à son intégrité psychologique. Il peut s’agir, par exemple, de menaces d’abandonner un enfant, de menaces de nuire à un enfant, à des personnes ou à des choses auxquelles l’enfant tient, ou encore de réprimander, de dénigrer ou de faire de l’enfant un bouc émissaire. La violence psychologique peut également comprendre des actions telles que l’enfermement d’un enfant (dans un placard ou attaché à une chaise), des humiliations physiques (se tenir nu devant les autres) ou le fait de contraindre un enfant à s’infliger des douleurs.

Qu’est-ce que la négligence ?

La négligence est une forme d’abus dans l’enfance et constitue une forme de menace pour l’enfant par des actes d’omission de soins qui menacent sa survie. Il s’agit par exemple de l’incapacité d’un parent ou d’un gardien à fournir la nourriture, les vêtements et le logement nécessaires, de laisser un enfant seul pendant de longues périodes et de ne pas lui fournir les soins médicaux dont il a besoin.

Les effets des traumatismes de l’enfance sur les adultes

Le fait de subir des mauvais traitements ou de la négligence dans l’enfance peut avoir un impact important sur la qualité de vie d’un adulte. Les conséquences peuvent se faire sentir dans plusieurs domaines, tels que la santé émotionnelle, la santé physique, la santé mentale et les relations personnelles.

Santé émotionnelle

Les survivants d’abus dans l’enfance peuvent souvent éprouver des sentiments d’anxiété, d’inquiétude, de honte, de culpabilité, d’impuissance, de désespoir, de chagrin, de tristesse et de colère.

La santé mentale

Le fait de survivre à des abus ou à des traumatismes dans l’enfance a été associé à des taux plus élevés d’anxiété, de dépression, de suicide et d’automutilation, de SSPT, d’abus de drogues et d’alcool et de difficultés relationnelles.

Santé physique

Les enfants qui sont exposés à des abus et à des traumatismes peuvent développer ce que l’on appelle une « réaction de stress accrue ». Cela peut avoir un impact sur leur capacité à réguler leurs émotions, entraîner des troubles du sommeil, affaiblir leur fonction immunitaire et augmenter le risque de contracter un certain nombre de maladies physiques à l’âge adulte.

Se faire aider

Que puis-je faire pour m’aider ?

Sécurité

Assurer la sécurité physique, émotionnelle et psychologique est le premier et le plus important pas vers le rétablissement et l’obtention d’une aide.

Sécurité physique / externe

Il est essentiel de tenir compte de la sécurité de votre environnement de vie actuel. Il peut s’agir de la sécurité physique de l’endroit où vous séjournez, du quartier, de la possibilité d’obtenir de l’aide si nécessaire et des relations que vous entretenez avec votre entourage. Si vous ne vous sentez pas en sécurité actuellement, réfléchissez aux mesures que vous pourriez prendre pour assurer votre propre sécurité. Les lignes téléphoniques d’aide en cas de crise, les groupes de soutien locaux et les organisations communautaires peuvent souvent fournir des informations utiles sur les options de soutien disponibles, y compris le logement à court terme ou l’aide financière.

Sécurité psychologique/émotionnelle/interne

La sécurité n’est pas seulement physique. Il est également important de se sentir en sécurité sur le plan émotionnel. Se visualiser dans un endroit où l’on se sent physiquement et émotionnellement en sécurité (par exemple, un souvenir positif ou un endroit précis) peut être une stratégie utile, tout comme s’engager dans des affirmations positives (par exemple, se dire : « Je peux m’en sortir ») ou utiliser des actions de « mise à la terre » (par exemple, casser un élastique sur votre poignet, vous asperger le visage d’eau froide ou remarquer et étiqueter cinq choses autour de vous).

Divulguer

Vos expériences personnelles sont les vôtres. Vous avez le choix de les garder secrètes ou de les partager avec des personnes en qui vous avez confiance, comme les membres de votre famille, vos amis, vos proches ou des professionnels. Pour de nombreux survivants, cependant, la divulgation de leur expérience personnelle peut être une étape importante de leur rétablissement.

Qu’est-ce que la divulgation ?

La divulgation signifie que vous racontez vos expériences personnelles à quelqu’un en qui vous avez confiance et avec qui vous vous sentez en sécurité. En parler à un ami proche, à un membre de la famille ou à une personne d’une institution de soutien, d’un centre de soins ou d’une ligne d’assistance téléphonique peut être une première étape importante pour obtenir de l’aide. En le révélant, vous pouvez discuter avec la personne des prochaines étapes que vous pourriez vouloir suivre.

Pourquoi divulguer ?

La divulgation est la première étape pour obtenir protection et aide. Elle peut vous aider à vous sentir moins seul et vous apporter un certain soulagement. La première fois, la divulgation est souvent difficile et peut vous faire ressentir de la peur, de la honte, du désespoir, de la colère ou de l’horreur. Aussi difficile soit-elle, elle est souvent la première étape sur le chemin de l’aide et du rétablissement.

Comment divulguer ?

Pour que la divulgation soit utile, il est important de réfléchir à ce que vous allez dire, et à qui. Il peut être utile de mettre par écrit ce que vous voulez dire. Il est également utile d’essayer de rester calme lorsque vous parlez, par exemple, en prenant de grandes respirations.

Effet de votre divulgation sur les autres personnes

Révéler son expérience peut être émotionnellement accablant pour l’auditeur, en particulier pour un ami proche ou un membre de la famille. La personne qui vous est proche peut pleurer ou se mettre très en colère contre l’agresseur. Parfois, cela est si difficile pour cette personne qu’elle ne peut tout simplement pas croire que cela est possible. Bien que cela soit difficile, il est important de ne pas abandonner ; la révélation est souvent la première étape pour obtenir de l’aide. Si vous craignez des réactions désagréables de la part de vos amis ou des membres de votre famille, utilisez une ligne d’assistance téléphonique ou parlez d’abord à un soutien professionnel.

Divulgation à un fonctionnaire

La divulgation de votre expérience à une personne officielle (enseignant, directeur, policier, travailleur social, psychologue) peut légalement l’obliger à prendre des mesures à l’encontre du contrevenant. Pour ce faire, il se peut qu’il doive vérifier votre histoire, ce qui l’obligera à poser de nombreuses questions spécifiques qui peuvent sembler indiscrètes ou dérangeantes. Vous pourriez éprouver des sentiments de peur, de honte ou de colère, ou même revivre l’événement (ou les événements) (avoir l’impression qu’ils se reproduisent). N’oubliez pas que pour poursuivre l’auteur de l’infraction et vous protéger, ces personnes doivent suivre des procédures standard. Les enquêteurs sont formés pour travailler avec des personnes qui ont survécu à des expériences similaires à la vôtre.

Que pouvez-vous attendre de la divulgation ?

Vous pouvez vous attendre à différentes choses selon la façon dont vous divulguez votre expérience et le moment où vous le faites. Un ami proche ou un membre de votre famille peut vous offrir une protection, un soutien émotionnel, la possibilité de discuter des mesures à prendre et vous aider à contacter les fonctionnaires. Les professionnels peuvent vous conseiller, vous protéger, vous donner des conseils ou mener des actions en justice.

Faire face jour après jour

Bien que chaque jour puisse ressembler à une lutte, il y a beaucoup de choses que vous pouvez faire pour vous aider à faire face aux activités quotidiennes.

Le sommeil

Le sommeil est très important pour votre bien-être. Bien que de nombreux survivants de traumatismes aient des difficultés à dormir, vous pouvez essayer de réduire ces problèmes. Faites des exercices physiques modérés quelques heures avant de dormir. Essayez de prendre un repas léger environ deux heures avant de vous coucher, et évitez les repas lourds et les liquides contenant de la caféine. Si vous le pouvez, évitez de discuter de choses dérangeantes peu avant de dormir. Dans la mesure du possible, essayez de vous coucher à peu près à la même heure, au même endroit et assurez-vous d’un environnement calme.

Habitudes alimentaires

Une alimentation régulière et équilibrée est bonne pour votre bien-être. Les aliments pauvres en graisses et en sucres, faciles à digérer, sont bons pour la santé. Surveillez votre poids. Essayez de maintenir des heures de repas régulières pendant la journée et évitez de prendre un repas tard dans la nuit ou peu avant de vous coucher. Limitez la quantité d’alcool que vous consommez, car l’alcool peut altérer votre jugement et vos réactions, et avoir des effets négatifs sur vos émotions et vos relations avec les autres.

Une structure quotidienne saine

Maintenir des activités quotidiennes régulières telles que se lever, aller au travail, rencontrer des gens, se reposer et faire des activités de loisirs. Faites régulièrement de l’exercice physique modéré et prenez des repas réguliers. Faites une liste de choses qui vous procurent du plaisir et faites-en au moins une par jour.

Prendre soin de soi

Prendre soin de soi est bon pour le corps et pour la façon dont on se sent. Parlez à votre thérapeute ou à votre médecin de tout problème de santé, évitez de consommer des drogues et limitez votre consommation d’alcool et de tabac.

Rester en lien

Identifiez les personnes en qui vous avez confiance et envisagez de leur parler de vos soucis et dilemmes. Demandez leur conseil et essayez de maintenir un contact régulier avec ces personnes. Soyez ouvert à l’idée de rencontrer des personnes nouvelles et intéressantes.

Pratique de la pleine conscience

Pensez aux activités que vous aimez faire ou aux endroits où vous vous sentez détendu et en sécurité. Faites une liste de vos compétences, des personnes qui vous aiment, de vos réalisations et des autres atouts qui sont vos « ressources ».

Retrouver de mauvais sentiments

Les sentiments négatifs que vous avez éprouvés juste après l’événement ou les événements peuvent revenir. C’est une partie normale du processus d’adaptation. Lorsque cela se produit, vous pouvez choisir de vous distraire ou de faire quelque chose qui vous aide à vous détendre, par exemple parler avec un ami, faire de l’exercice physique modéré ou écouter votre musique préférée.

Journal intime/écriture expressive

Envisagez d’écrire un journal de situations et d’expériences agréables avec les gens pour vous aider à prendre conscience des différentes ressources auxquelles vous avez accès. Le fait d’écrire sur vos sentiments peut vous aider à les exprimer et à les organiser.

Que puis-je faire pour obtenir de l’aide des autres ?

Soutien par les pairs

Il peut être difficile de parler à d’autres personnes des choses qui se sont passées. Essayez de trouver des personnes en qui vous pouvez avoir confiance, comme votre partenaire de vie, vos parents, vos pairs ou vos amis. Vous n’avez pas besoin de tout leur dire, mais vous pouvez trouver utile de leur expliquer que vous rencontrez des difficultés. Cela vous aidera peut-être à vous sentir moins seul.

Aide professionnelle

Il peut également être utile d’appeler un service de conseil par téléphone ou de contacter un professionnel de la santé mentale pour obtenir un soutien ou un traitement. Pensez à demander à votre médecin de vous orienter vers un professionnel de la santé mentale local spécialisé dans le traitement des traumatismes, des abus ou du SSPT. Si vous ressentez une détresse importante, veuillez contacter un service local de conseil en cas de crise ou un numéro d’intervention d’urgence

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Source

Le document original a été rédigé en anglais en 2016 par l’ISTSS.
www.istss.org

La Société internationale pour l’étude du stress traumatique (ISTSS) se consacre à la production et à la diffusion de connaissances sur les politiques et les initiatives visant à réduire les facteurs de stress traumatique et leurs conséquences à court et à long terme. Les membres de l’ISTSS proviennent de différents milieux cliniques et non cliniques et sont issus de cultures différentes.

La Collaboration Mondiale de l’ISTSS a été établie en tant que collaboration globale entre différentes sociétés pour les études sur le stress traumatique. La Collaboration Mondiale de l’ISTSS est composée de représentants de différentes régions, notamment de Hong Kong, du Japon, d’Afrique, d’Europe, d’Amérique du Nord et du Sud et d’Australie. Cette brochure électronique a été élaborée par les membres de La Collaboration Mondiale de l’ISTSS afin de sensibiliser le public à la maltraitance et à la négligence des enfants dans le monde entier.