Nous avons vu dans le post précédent ce que sont les anxiolytiques et l’expérience que j’en ai malheureusement eue. Nous allons explorer maintenant ce que disent nos institutions de santé des anxiolytiques et du TSPT ?
Les médecins que j’ai consulté m’ont presque tous prescrit des anxiolytiques benzodiazépines face à mes symptômes anxieux. D’autres plus rares, m’ont alerté sur la toxicité de ces mêmes anxiolytiques.
Alors objectivement qui croire ? J’ai donc fouillé internet pour trouver une réponse à cette question.
Anxiolytiques et TSPT – Qu’en disent les institutions de santé ?
Académie Nationale de Médecine
Sur le site de l’Académie Nationale de Médecine, il y a une publication de 2011 intitulée : « Troubles psychiques des malades pendant et après leur séjour en réanimation » 1 . Dans cette publication, il est recommandé d’utiliser des anxiolytiques, mais il s’agit d’un contexte très particulier lors d’une hospitalisation.
Assurance Maladie
Sur le site de l’Assurance Maladie, ameli.fr, dans son article du 1er juillet 2022 relatif au « Traitement des troubles anxieux de l’adulte » 2 , notre Sécu mentionne le recours possible aux anxiolytiques dans des termes très choisis :
Les anxiolytiques (benzodiazépines, buspirone…) permettent d’agir rapidement sur l’anxiété. Ils peuvent être utiles sur de courtes durées : en début de traitement, avant que le traitement de fond ne fasse pleinement effet, ou pendant une période où l’anxiété réapparaît, malgré le traitement de fond.
Assurance Maladie – 1er juillet 2022
Le traitement de fond dont il est question renvoie aux antidépresseurs.
Agence Nationale de Sureté du Médicament et des produits de santé
L’ ANSM a publié régulièrement jusqu’en 2017 une très interessante étude sur « État des lieux de la consommation des benzodiazépines en France » 3
On y apprend énormément de chose sur l’usage ou le mésusage de ces médicaments anxiolytiques. Malheureusement, je n’y ai pas trouvé une seule ligne en lien avec le TSPT.
Toutefois, voici une synthèse des risques liés à l’usage des benzodiazépines (anxiolytiques et hypnotiques) publiés dans ce document :
ANSM – 2017
- Affections du système nerveux avec des cas de somnolence, de comas, des convulsions et, à une fréquence plus faible, des amnésies.
- Affections psychiatriques avec majoritairement des états confusionnels.
- Chutes sont également fréquemment rapportées en particulier chez les personnes âgées.
- Une récente étude réalisée chez des patients arthrosiques ayant eu une prothèse totale de hanche a montré que l’utilisation de benzodiazépines, était associée à une augmentation du risque de révision prothétique avec une relation dose-effet.
- Démence chez les sujets âgés.
- Altération des capacités de conduite.
- L’utilisation des benzodiazépines est déconseillée au
cours de la grossesse quel qu’en soit le terme.- Dépendance et abus
Waouh ! Ca fait drôlement envie ! Non ? :o)
Haute Autorité de Santé
La HAS donne, dans cet article de 2018 intitulé « Quelle place pour les benzodiazépines dans l’anxiété ?« , 4 un panorama documenté sur les « bonnes pratiques » à réserver à ces anxiolytiques, sans toutefois évoquer de particularité quant à leur usage en cas de TSPT.
Pourtant, c’est dans un guide des « Affections psychiatriques de longue durée relatifs aux Troubles anxieux graves » 5 paru en juin 2007 que la HAS décrit à partir de la page 17 la prise en charge notamment médicamenteuse du TSPT :
Traitement médicamenteux
HAS – 2007
Il est indiqué dans les formes chroniques durant depuis plus de un an (dépression quasi systématiquement associée).
● La paroxétine est la seule molécule ayant une AMM dans cette indication.
● En cas d’échec de la paroxétine, un avis spécialisé est nécessaire : les médicaments utilisés dans l’ESPT (hors AMM) sont les autres ISRS (fluoxétine, fluvoxamine, sertraline) ou les antidépresseurs tricycliques (amitriptyline, imipramine).
● L’efficacité de l’association thérapie cognitivo-comportementale et ISRS peut être supérieure à celle de chaque traitement isolément.
● La durée initiale doit être de 12 semaines avant de changer de traitement.
● Si les problèmes de sommeil sont importants, un traitement hypnotique de courte durée peut être proposé.
● En cas de non-réponse au traitement médicamenteux, l’avis du psychiatre doit être demandé.
On voit donc bien, en creux, que les anxiolytiques n’y sont pas mentionnés ! Et ce depuis 2007 !
On va retrouver la même approche pour Santé Publique France.
Santé publique France
Dans son article de juillet 2019 intitulé « Quels sont les traitements médicamenteux de l’état de stress post-traumatique ? » 6, l’Agence Nationale de Santé publique indique les 3 classes de médicaments susceptibles d’intérêts selon elle pour soigner le TSPT : certains antidépresseurs ISRS, certains anticonvulsivants et certains antipsychotiques.
Aucune trace des anxiolytiques dans ces recommandations !
Vidal
Un site comme le Vidal est aussi une référence en matière de conseil médical. Le Vidal publie également une information très précise à ce sujet dans son article « Quels sont médicaments utilisés dans le stress post-traumatique ? » 7
Certains médicaments antidépresseurs ont également une action bénéfique, démontrée dans le cadre d’études cliniques, et cela même si la personne n’est pas déprimée. La paroxétine (Déroxat, Divarius et génériques) et la sertraline (Zoloft et génériques) sont les seules molécules ayant une indication officielle dans le traitement du stress post-traumatique.
Vidal – 2024
Et donc là encore, il n’est pas question d’anxiolytiques !
Anxiolytiques et TSPT – Premières conclusions
On voit donc qu’au moins depuis 2007, l’information de ne pas donner d’anxiolytiques en cas de TSPT existe !
Dans le même temps, nous sommes le 2nd pays le plus grand consommateur de benzodiazépines en Europe. Elles sont donc massivement prescrites pour traiter l’anxiété.
Pour autant, leur contre-indication ou leur nocivité liée à un usage en cas de TSPT, n’est jamais notifiée dans les éléments que j’ai pu trouver !
Mais si l’on sort de l’Hexagone et que l’on s’intéresse à d’autres sources nous verrons pourquoi la situation est loin d’être rassurante ! A suivre …
Sources
- https://www.academie-medecine.fr/troubles-psychiques-des-malades-pendant-et-apres-leur-sejour-en-reanimation/ ↩︎
- https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/troubles-anxieux-anxiete/traitement ↩︎
- https://archive.ansm.sante.fr/var/ansm_site/storage/original/application/28274caaaf04713f0c280862555db0c8.pdf ↩︎
- https://www.has-sante.fr/jcms/c_2863043/fr/quelle-place-pour-les-benzodiazepines-dans-l-anxiete ↩︎
- https://www.has- sante.fr/upload/docs/application/pdf/guide_medecin_troubles_anxieux.pdf ↩︎
- https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/stress-post-traumatique/articles/quels-sont-les-traitements-medicamenteux-de-l-etat-de-stress-post-traumatique ↩︎
- https://www.vidal.fr/maladies/psychisme/etat-stress-post-traumatique-espt/traitements.html ↩︎
Pour aller plus loin
Mon bilan d’usage des médicaments psychotropes
Vidal – Les causes et la prévention de l’ESPT
Vidal – Les traitements de l’ESPT
Mise à jour
Dernière mise à jour de cet article : Le 2 avril 2024