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Le cycle de renforcement du traumatisme

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Comme nous l’avons vu dans différents post sur la mémoire traumatique ou sur la réactivation, le traumatisme s’installe dans nos vies, et nous nous y adaptons. Si rien n’est fait pour s’en libérer, il va être là pour une durée indéterminée. Une des raisons concernant cette incertitude tient à ce cycle de renforcement du traumatisme. Il nous concerne tous. Voici comment cela fonctionne.

Le cycle de renforcement du traumatisme. Ses différentes étapes

1. Traumatisme

A l’origine, l’évènement qui fait trauma génère un stress intense. Si rien n’est fait pour le prendre en charge, il débouche sur une traumatisation. Notre corps et le reste de notre être va s’adapter à cette nouvelle situation. Une sensation, un souvenir, un déclencheur quelconque va venir le réactiver.

2. Réseaux neuronaux

L’une de ces adaptations réside dans la modification de nos réseaux de neurones dans le cerveau. Ces réseaux se modifient sans cesse. Ce processus s’appelle la neuroplasticité. C’est une très bonne nouvelle, nous y reviendrons, sauf si nous renforçons nos réseaux neuronaux avec ce cycle…

3. Emotions

En activant ou réactivant ces réseaux, ils engendrent des émotions.

Prenons un exemple simple pour comprendre :

Un chien m’a mordu il y a longtemps. Evénement que j’ai peut-être même oublié. J’en vois un qui arrive vers moi. J’observe une sensation de malaise, d’inquiétude, de peur …

4. Croyances

Ces émotions débouchent sur des pensées. Elles vont avoir tendance à exprimer une opinion, un jugement sur la situation qui se joue ou se rejoue, consciemment ou non.

Ma croyance pourra être :  » les chiens sont dangereux ! ou je n’aime pas les chiens ! ou encore je ne sais pas y faire avec ces bêtes-là ! »

5. Comportements

Dans la foulée de l’expression consciente ou non de mes croyances, une action ou une inaction va en découler. Consciemment ou non.

« J’observe que je tremble, mon poul s’accélère, je transpire un peu, bref, je stresse. »

Puis, mes muscles se contractent pour fuir ou pour combattre.

6. Renforcement du traumatisme

Voilà, toutes ces étapes renforcent le traumatisme ! C’est un peu comme si notre cerveau était fait de cire et que l’on re-gravait une fois de plus le sillon créé par le trauma initial. Ce qui donne la sensation de ne jamais vraiment sortir de ses souffrances.

C’est à nouveau une mauvaise expérience avec les chiens ! « Je le savais que ça allait mal se passer ! c’est toujours pareil ! «  Et si hélas le chien se montre agressif ou me mord : Je risque la re-traumatisation !

Le renforcement toxique des réseaux de neurones

« Les réseaux neuronaux sont des structures plastiques, dynamiques, une constellation de neurones qui s’illumine momentanément pour accomplir une tâche précise. C’est pourquoi lorsque nous ruminons certaines pensées (bonnes ou mauvaises) ou pratiquons certaines activités (bénéfiques ou néfastes) nous renforçons les réseaux neuronaux correspondant à ces pensées ou activités. »

« Chaque fois qu’une situation vient réveiller le souvenir d’une expérience terrifiante ou dangereuse du passé et les émotions instinctives associées, ce réseau neuronal précis se trouve à être renforcé. »

« Ce renforcement peut prendre place à notre insu ou lorsque nous revenons sur un traumatisme émotionnel pour nous attirer la sympathie d’autrui ou nous disculper. Ainsi, on peut affirmer par exemple : « Je ne peux pas me conduire avec maturité; j’ai eu une enfance épouvantable. »

« Curieusement, on peut effectivement renforcer les réseaux toxiques établis par les traumatismes en ayant une réaction de peur devant ce que nous pensons être une menace. Malheureusement, chaque fois qu’une situation ressemble, ne serait-ce que très légèrement, à un quelconque événement douloureux de notre passé, un signal d’alarme retentit dans notre cerveau limbique qui nous fait croire que cette situation constitue une menace.

« C’est parce que le traumatisme n’est pas dû à ce qui s’est réellement produit, mais bien à la façon dont nous avons enregistré l’évènement dans notre esprit. C’est à dire que nous sommes sous l’emprise de ce que nous croyons s’être produit. Et cette situation demeure vivante sous le seuil de la conscience, sans qu’on y pense ou qu’on en soit conscient.« 

« Bien que cette spirale répétitive ait autrefois assuré notre survie, c’est aujourd’hui un cercle vicieux engendrant des croyances erronées sur le monde, notre entourage, nos amis, voire notre famille.« 

Toutes les citations sont de David Perlmutter et Alberto Villoldo

Mon regard

J’ai basé cet article sur les travaux de 2 experts américains David Perlmutter (Neurologue et Nutritionniste) et Alberto Villoldo (Psychologue et Anthropologue médical). Il me semble proposer une vision novatrice pouvant contribuer à soigner le traumatisme.

Dans cette partie du livre (chapitre 5), c’est ce que nous croyons qui s’est produit qui constitue le traumatisme. Cette croyance est donc elle-même le résultat de multiples conditions liées à nos réseaux neuronaux, notre histoire, nos comportements, nos pensées, nos émotions. C’est ce qui fait que face à un même événement violent, différentes personnes n’auront pas la même réaction.

Ainsi, la vision des auteurs amène de l’espace, de l’air, de la souplesse au milieu de la douleur. Moi ça m’aide, car à l’inverse, j’ai longtemps considéré qu’un traumatisme c’était plutôt comme si une part de mon cerveau était physiquement cassé; un peu à la manière d’une céramique.

Surtout, ils donnent de la visibilité sur ce que nous voyons rarement, car tout ou partie de ce cycle de renforcement du traumatisme se joue dans l’inconscient et se maintient en nous grâce à des émotions, des pensées, des actes que nous ne voyons plus car nous les avons parfaitement intégrés à notre vie !

Par exemple : Lors d’une relation amoureuse, on peut être amené à rompre car on pense que la personne ne nous convient pas. Or cela peut provenir du fait que l’on pense inconsciemment que l’on ne mérite pas d’être aimé. Cette croyance s’étant installée à l’occasion d’un choc émotionnel passé. Cette rupture n’a donc finalement rien à voir avec la personne aimée/rejetée, mais avec notre propre histoire !

Néanmoins, nous voyons là le côté obscur de ce cycle et du processus qui nous maintient dans la souffrance. Nous verrons donc dans un prochain article comment sortir de ce cycle de renforcement du traumatisme. Sortir de la souffrance est notre priorité pour cela nous reprendrons la main sur nos réseaux de neurones de façon positive !


Source

« Power up your brain » 2011 et « Neuroscience et Chamanisme » 2019 sa traduction française de David Perlmutter et Alberto Villoldo.

Gratitude aux auteurs de ce cycle que j’ai reproduit ici.


Mise à jour

Dernière mise à jour de cet article : Le 5 octobre 2022