La vidéo qui suit présente le témoignage de Mathilde, victime d’un prêtre pédophile il y a 20 ans. Elle décrit le fonctionnement de la mémoire traumatique dans son parcours de vie. Son récit évoque des souvenirs qui appartiennent à 3 temporalités bien distinctes, mais qui en réalité s’ignorent. Au-delà , il est question de son besoin de réparation puis d’une très belle croissance post-traumatique.
La mémoire traumatique : 3 temps pour comprendre
Temps | Symptômes évoqués | Durée |
Trauma | Dissociation | inconnue, dans le passé |
Traumatisme | Amnésie traumatique, hypervigilance, altération du rapport à l’autre | 20 ans |
Libération émotionnelle | Un déclencheur particulier, une réactivation, des cauchemars. Revécu émotionnel intense | Mai 2021+ |
Le temps du traumatisme
La vidéo débute sur le temps du traumatisme avec l’évocation de son amnésie traumatique :
« Vraiment rien du tout sur mon chemin jusqu’à présent n’a pu me mettre sur la voie … »
Plus loin, elle raconte l’hypervigilance qui avec l’amnésie traumatique vont l’accompagner à son insu durant les 20 années de traumatisme. Elle décrit aussi les comportements inconscients que ce traumatisme va induire dans sa vie. Sa féminité, son rapport de séduction aux hommes s’en trouvent altérés. Et puis, un jour, quelque-chose vient déclencher son retour à la mémoire.
Le temps de la libération émotionnelle
Le temps de la libération émotionnelle débute pour Mathilde en mai 2021. Il s’agit d’un week-end entre copains avec leurs enfants où elle décrit :
Un déclencheur particulier :
« Un copain qui entre dans la chambre de ma fille … »
La réactivation qui s’en suit :
« L’immense colère qui m’envahit à ce moment «
puis des cauchemars :
» par flash entre 2h et 3h du matin pendant 5 nuits … des bouts de puzzle revenaient à la surface de ma mémoire »
Tous ces phénomènes lui permettent de comprendre qu’elle a été agressée, il y a bien longtemps …
Le temps du trauma
Dans un travail qui combine réflexion, souvenirs, réactivations, et libération émotionnelle elle reconstitue ce que fût le trauma.
Elle retrouve la trace mémorielle de son agresseur, prêtre, quand elle avait 5 à 7 ans, chez sa grand-mère, il y a 20 ans.
Elle retrouve aussi le mécanisme de dissociation au moment du choc de l’agression :
» Il y a une partie de soi qui va s’en aller… «
Elle ajoute :
» Un bout de soi qui est à côté …«
» C’est comme d’avoir un boulet à son pied qui évite du coup d’avancer correctement sur son chemin, et d’être toujours un peu ralenti …«
Ce mécanisme de dissociation est parfois évoqué par d’autres témoins (voir par exemple ce post ici) sous les termes de « perte de part(s) d’âme« . Cette appellation vient du monde du chamanisme. Elle fait référence au fait qu’une partie de notre corps énergétique est modifié par la violence de l’abus. Il est ainsi possible de mieux comprendre ces ressentis de « partie de soi qui s’en va » ou de ce ressenti de boulet etc … comme autant d’énergie perdue dans ce choc. Energie qui le plus souvent ne reviendra pas toute seule !
En réalité, la mémoire traumatique ignore le temps !
Durant son temps de libération, Mathilde décrit un re-vécu émotionnel très intense :
» On va se souvenir exactement de la peur que l’on a ressentie à ce moment-là … comme si on venait de le vivre à l’instant T, alors qu’on le revit 20 ans plus tard «
Ceci démontre que le temps de la mémoire traumatique ignore en réalité le temps chronologique que nous vivons quotidiennement.
C’est la raison pour laquelle toute violence infligée à un enfant restera pour la vie (et même parfois au-delà !). Le traumatisme qui en résulte finira par créer une ou plusieurs pathologies à l’âge adulte si rien n’est entrepris pour s’en libérer. La vidéo sur la page d’accueil du site expose les preuves scientifiques de cette réalité !
Au-delà de la libération, le besoin de réparation
La fin de la vidéo partage le combat de Mathilde pour son besoin de réparation. Ayant pu formellement identifier son agresseur, elle a souhaité porter plainte. Hélas, l’homme est décédé avant.
Son combat se déplace maintenant sur la libération de l’information concernant les prêtres pédophiles afin que leurs noms soient rendus publics.
Puis vient le temps de la croissance post-traumatique
Pour finir, Mathilde porte un très beau message de croissance post-traumatique :
» Se libérer ça fait de la place pour autre chose …
… Ca amène de la douceur sur de la douleur …
… De la lumière sur des zones qu’on croyait d’ombre … alors que c’était simplement des parties blessées et souffrantes …
… Et ça ouvre la porte vers quelque-chose de tellement plus merveilleux … «
Gratitude
Gratitude à Mathilde pour avoir eu la force et le courage de témoigner. Merci à la journaliste Cécile Guthleben et à Brut.media d’avoir réalisé et diffusé cette vidéo.
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Mise à jour
Dernière mise à jour de l’article de 12 mars 2022