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La question du diagnostic d’un TSPT est un sujet ardu pour les professionnels de la santé mentale.

Ce qu’aucun médecin ou thérapeute ne nous expliquera c’est qu’en réalité il a plusieurs défis à relever, pour pouvoir poser le bon diagnostic. Mais dans la vraie vie, le praticien qui nous reçoit fait avec ce qu’il est et ce qu’il croit savoir face à ce qu’il entend, perçois et comprend de nous dans le temps imparti.

L’erreur de diagnostic ou plus souvent l’incapacité ou bien encore la non volonté d’en poser un sont donc légion. Or comment guérir d’un mal qui n’est pas nommé, pire encore qui est mal nommé ?

Actualisation des connaissances

Un défi concerne la « mise à jour » des connaissances. Les connaissances sur le psychotraumatisme s’actualisent de plus en plus vite et ont beaucoup évolué ces 20 dernières années. Or nombre de médecins ont appris à la fac que le TSPT se déclenche lorsque survient brutalement un évènement où la vie ou l’intégrité physique du patient est menacée. Combien pensent encore que faire parler la personne de ce qui l’a traumatisée est de nature à l’aider ? Combien pensent toujours que la prise d’anxiolytiques est une bonne solution pour traiter les symptômes anxieux ?…

En 2016, je consulte en urgence un cardiologue suite à des symptômes violents qui m’inquiètent. Je suspecte pourtant qu’ils puissent être le fruit de réactivations de mémoires traumatiques. Toutefois, je n’en suis pas sûr tant ils sont forts, perturbants et persistants. Je lui en parle.

« Vous ne pouvez pas avoir un TSPT ! Votre intervention chirurgicale était planifiée ! Vous étiez au courant ! » Me rétorque-t-il sur un ton pour le moins autoritaire ! Fin de la discussion. Mais le pire, c’est que cette méconnaissance l’amènera à évoquer une nouvelle dégradation cardiaque assortie d’une ré-opération … qui s’avèreront dans la réalité l’une et l’autre totalement erronées et infondées !

Changement de perspective

Un autre défi pour le praticien c’est d’arriver à reconnaître les éléments caractéristiques du TSPT. Car, ce qui nous pousse à consulter c’est en général une série de symptômes. Pour reconnaître ces éléments caractéristiques, cela oblige à un changement de perspective pour le praticien. Il lui faut passer de la vision spécifique centrée sur les symptômes que nous apportons à une vision plus large. Une vision globale sur le contexte, l’histoire du patient favorisera une mise en liens des différents éléments. C’est un peu comme lors d’une enquête dans un polar ! Mais, le tout en 10 à 20 minutes chrono ?! Pas simple !

Cette vidéo d’un médecin psychiatre spécialisé lors d’un congrès de 2019 en atteste grandement, même en prenant le temps !

Congrès « Le psychotrauma à tout âge » Bordeaux – novembre 2019

Ressentis

Un autre défi c’est le « feeling », le ressenti, l’intuition.

Côté soignant, c’est a-t-il envie de nous revoir, dans quel cadre de pratique ? Ou vaut-il mieux recommander à un collègue et dans ce cas lequel ?

Côté patient, c’est plutôt : « La personne qui est en face de moi m’inspire-t-elle confiance ? » « Est-ce que ce qu’elle dit me parle, me touche, me convient ? ». Et souvent le parcours jusqu’au bon thérapeute est long, très long, toujours trop long !

J’enchaîne des rendez-vous dans l’espoir de trouver une issue à tous ces symptômes qui m’empêchent littéralement de me poser, tel un funambule sur son fil au-dessus d’un gouffre insondable ! Cette situation renforce une boucle infernale d’hypervigilance, de recherche constante de compréhension par le mental, d’un diagnostic, d’une quête d’aide efficace et bienveillante et pour finir d’épuisement.

Et puis un jour le 3ème médecin généraliste que je consulte me conseille de m’adresser à des psychothérapeutes EMDR et me recommande auprès d’une de ses relations qui me propose un rendez-vous !

Mon attente est extrême. Je me demande si je vais enfin être en présence de la bonne personne car à chaque nouveau rendez-vous tout réexpliquer sur les raisons de ma présence est éprouvant et épuisant. Sans parler de la désillusion et de l’abattement lorsque je dois arrêter des soins car ma situation en réalité s’aggrave.

Premier rendez-vous en thérapie EMDR

Je suis en mode « guerrier en survie » quand j’entre dans sa salle de consultation. Je suis tellement tendu que j’entreprends le réaménagement de l’espace en déplaçant tous les fauteuils ! « Va-t-elle comprendre ce que j’ai ?! »

Car j’ai tout entendu sur mon état, depuis le syndrome anxieux généralisé assorti d’un traitement antidépresseur à vie jusques et y compris que j’étais le seul responsable de cet état et que si je le décidais vraiment je pouvais reprendre une vie normale, en passant par la cyclothymie !!!

Et puis ce jour-là mon mental se relâche enfin. Les mots qui sont prononcés avec beaucoup de calme, de douceur et d’assurance par la spécialiste m’informe : « Oui il s’agit bien d’un Syndrome de Stress Post-Traumatique et Oui une intervention chirurgicale même programmée peut l’avoir déclenché ».

Je me sens enfin reconnu dans ce que j’endure, je vais enfin pouvoir atterrir, descendre de mon fil, souffler et me faire aider comme il convient. L’émotion me submerge. Ce soulagement-là est déjà énorme en soit et salvateur. Bien entendu rien n’est réglé. Je le sais. Toutefois, j’ai confiance et je sens que je peux me reposer sur la compétence et la force de cette personne. C’est le début d’une nouvelle étape sur le chemin.

Un long chemin

Il m’a fallu 3 années avant d’être reçu en consultation par cette psychologue clinicienne et psychothérapeute extrêmement compétente en EMDR dont le diagnostic et l’aide apportée seront déterminants quant à mon rétablissement.

Toutefois, si je me retourne en prenant honnêtement du recul sur mon passé, ce n’est pas 3 mais dans les faits 14 années qui se sont écoulées entre les tous premiers symptômes avant-coureurs et ce rendez-vous important dans l’évolution de ma santé. Mais 14 années plus tôt l’EMDR était à peine inventée !


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Dernière mise à jour de cet article le 9 décembre 2021