Peut-on guérir un ESPT ?
La réponse est OUI ! J’en suis le témoin. En fonction des situations, le parcours va être plus ou moins long et avec plus ou moins de questions à se poser sur la notion même de guérison. Car guérir peut être très différent pour chacun : Est-ce la réduction des symptômes ? la reprise d’une vie « normale » ? le fait de ne plus voir de thérapeute ou de prendre de traitements ? le fait de ne plus souffrir physiquement ou psychologiquement ou moralement ?
Et puis au-delà de ce que je considère comme ma guérison, il y a comment je poursuis ma vie ? Avec quels changements ? et surtout quelles précautions, quelles préventions vis à vis de mes fragilités ?
Comment guérir un ESPT complexe ?
Voilà une question que naturellement nous, les survivants de ces traumatismes multiples et précoces, nous posons tous à un moment ou à un autre et dont la réponse n’est pas immédiate.
De multiples voies
Décrire le mode d’emploi d’une guérison n’a rien de simple car il existe de multiples voies pour y parvenir et au final, probablement, toutes personnelles en fonction de la motivation et des objectifs de chacun.
Il existe plusieurs thérapies possibles, mais chacune privilégie la prise en charge d’un aspect de la pathologie, ce qui quelque part les rend toutes intéressantes et complémentaires et en même temps difficile à mettre en œuvre intellectuellement, temporellement et aussi financièrement (car la sécurité sociale ne prend éventuellement en charge que certaines approches pratiquées par des médecins ce qui écarte encore beaucoup trop de possibles aujourd’hui).
Une prise en charge pluridisciplinaire ?
L’idéal ne serait-il pas une prise en charge globale avec une équipe pluridisciplinaire au service du survivant ? J’ai longtemps imaginé cela lorsque je souffrais, que j’étais à bout et découragé de découvrir que ma « dernière » thérapie ne me conduisait toujours pas à la fin de ma souffrance. J’ai essayé de faire dialoguer directement ou indirectement plusieurs thérapeutes ou médecins, en vain. Cette approche semble illusoire en ville tant la proposition de chaque praticien est unique, basée sur sa propre appropriation des méthodes qu’il utilise, sur son expérience, ses réussites, son parcours de vie et aussi par le format des consultations en cabinet. Pour pouvoir bénéficier de ce genre de prise en charge, la question de l’hospitalisation (de jour ou complète) se pose alors et encore à condition de disposer de centres spécialisés adaptés près de chez soi (voir Informations). Je n’ai pour ma part jamais souhaité y avoir recours.
Un long chemin
Aujourd’hui, j’ai un regard différent car le propre de l’ESPT est qu’il évolue avec moi et avec le regard que je porte sur lui. Au gré des petites et grandes victoires sur les traumatismes, leurs retraitements par le système nerveux ouvrent en permanence de nouvelles possibilités, ce qui rend appréciable et nécessaire le cheminement, ce qui demande de toute façon du temps.
Il est illusoire de s’imaginer que pour cette maladie, voir un psy de temps en temps et prendre quelques cachets vont régler le problème, le sujet est bien plus complexe que cela et dépasse largement ce que notre cerveau peut imaginer et ce que notre portefeuille peut ou pas se payer d’ailleurs ! Je crois plutôt qu’il faut changer de regard. Changer de regard sur soi, sur la maladie, et aussi sur le système de soins, nous y reviendrons.
Mon long voyage m’a permis de découvrir ce qui fonctionne, ce qui est disponible, les manques nombreux auxquelles nous sommes confrontés. Lorsque vous découvrez que vous souffrez d’un ESPT, cela peut prendre des mois pour comprendre ce que c’est et ce qu’il faut faire. Le diagnostic peut lui aussi prendre beaucoup de temps, sans compter les risques d’erreurs ! La triste vérité est qu’il y a encore trop peu de personnels de santé formés en France à ces notions de psychotraumatisme avec des données actualisées. Toutefois la connaissance existe sur internet mais aussi auprès de certaines personnes ou institutions ! La solution passe selon moi par notre propre responsabilisation et notre propre prise en main. J’irai plus loin : devenir « son propre médecin ». Ce qui ne veut absolument pas dire de faire le parcours seul ! Ni de ne jamais consulter ! Loin s’en faut !
3 préalables
Guérir passe selon moi (voir Sources ci-dessous) par 3 préalables :
- Avoir envie de guérir et entretenir spirituellement l’espoir et l’idée même de guérison
- Aimer le changement et vouloir se transformer (et parfois même radicalement, ce qui fut mon cas !) ce qui aura aussi des répercussions très positives sur toutes les composantes de notre vie.
- Accepter le chemin comme si c’était un long voyage en terre inconnue en même temps qu’une profonde quête de soi et donc être patient ! Pour rendre cette aventure tenable, il est précieux de la découper en étapes éventuellement avec des pauses et avec le temps on peut faire beaucoup plus que l’on ne le croit ! Et comme pour toute expédition, il est indispensable d’avoir recours à des guides !
Ces 3 préalables peuvent paraître difficiles ou exigent. Je peux témoigner du fait qu’il m’a souvent été difficile de rester ancré sur les 3. La démotivation, le découragement fait partie du chemin. Le changement me faisait très peur et m’a posé beaucoup de problèmes et de questions car j’avais fréquemment l’impression que j’allais devenir quelqu’un qui ne me plaisait pas ou que j’allais devoir renoncer à des parts de moi que j’aimais bien. Ça s’est avéré être une illusion à traverser avant de déboucher sur le meilleur, dans la joie des retrouvailles !
3 incontournables
Guérir passe à un moment ou à un autre par 3 incontournables :
- La compréhension de différents fonctionnements du système nerveux tels que :
- le stress,
- la traumatisation,
- la dissociation,
- la réactivation des mémoires du passé,
- l’intégration neuro-émotionnelle
- … il y a sur internet plein de vidéos qui expliquent tout cela très bien pour les non spécialistes
- L’acceptation profonde de cette maladie, de ce qu’elle implique dans tout notre Etre (douleurs, fatigues, pertes de capacités, pertes de sens, choses que l’on aurait pu ou dû recevoir ou donner …) et de ce que l’on va pouvoir s’offrir et reconstruire pour soi et pour les autres ! En bref, apprendre à faire des deuils
- Pratiquer la Méditation de pleine conscience encore et encore afin de pouvoir devenir l’observateur de toutes ces perturbations mentales et émotionnelles et de s’en détacher !
Dans l’idéal, guérir nécessite aussi de :
- Définir pour soi ce que signifie guérir, car les spécialistes de cette maladie ne sont pas tous d’accord sur la définition
- Mettre en place une véritable stratégie afin de pouvoir se soigner efficacement et de façon la plus globale possible en accord avec sa définition de la guérison et de ses valeurs
- D’être le mieux entouré possible de personnes aimantes et compréhensives
Nous verrons par la suite un peu plus en détail ce qu’implique la notion de guérison, puis comment j’ai mis au point cette stratégie et ce qu’elle contient.
Pour en savoir +
- Vouloir Guérir – Anne Ancelin Schützenberger – Ed. Payot&Rivages 2015
- Guérir à tout prix ? – Bernard Ugeux – Ed. de l’atelier/ouvrières 2000
- Lectures
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Mise à jour
Dernière mise à jour de l’article le 16 juin 2021